DarkWolf Site Admin
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Posté le: Jeu Mar 05, 2020 1:47 pm Sujet du message: MIDSOMMAR |
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SYNOPSIS : Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu'une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.
Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante.
AVIS : Ari Aster confirme son statut de grand réalisateur, après son "Hérérdité" encensé.
Pour "Midsommar", il reprend plusieurs thèmes de ce dernier, avec la cellule familiale éclatée, l'horreur distillée au compte-gouttes, et une mise en scène immersive, parfois décalée, jouant à fond avec le cadre (on se rappelle de la maison de poupée, ici partiellement reprise).
Mais Midsommar va encore plus loin, et se présente d'emblée comme un film d'horreur classique, avec une bande de jeunes partis en virée, la jeune fille comme héroïne, la drogue en second plan, des autochtones amicaux qui cachent quelque chose de louche.
En gros, le film, dans sa narration, ne va pas tant vous surprendre. On sait même grosso modo comment tout cela va se finir.
Mais il réussit à faire autrement, et ça, c'est la force d'Aster. La présentation des personnages se fait lentement, le temps de dresser un portrait complexe d'un couple à la dérive (Florence Pugh et Jack Reynor). Cela implique que cette mise en abîme va rallonger considérablement la durée du film, car Aster aime prendre le temps de mettre les choses en place, et de glisser subtilement vers l'horreur pure. Et ce ne sont pas les 02h30 du film qui vont le contredire.
Notre groupe arrive donc dans cette région de Suède, avec cette "secte" (si on peut les présenter comme ceci), ou plutôt des gens qui ne font que respecter des traditions séculaires, avec ce fameux solstice d'été, tous les 90 ans célébrés d'une certaine manière, avec leurs propres rites et coutumes.
C'est ce que le groupe va progressivement découvrir, fascinés par cette population à l'apparence pacifique, mais cachant de drôles de traditions, qui pour eux semblent normales (ce qu'on appelle vulgairement le choc des cultures).
Si bien que les premières scènes choc (et croyez moi, elles le seront, comme dans "Hérédité"...Aster va encore très loin dans la violence graphique) ne vont pas amorcer un rythme soudain dans le film. Non, on le digère, on tente de comprendre ce en quoi c'est normal, et le film reprend de plus belle...
Cela augmente au fil de la narration, avec on s'en doute, un final brutal, voire grotesque (au sens premier), mais pertinent.
Aster réussit à dresser le portrait d'une population locale totalement hallucinante. Visuellement, c'est du grand art, le film étant baigné dans une lumière éclatante, des habits digne d'une pub pour une marque de lessive, des paysages bluffants, des plans fixes filmés au drone donnant le vertige, une toute nouvelle culture et son langage se dévoilant sous nos yeux, à l'apparence si innocente...pour à la fin nous livrer une vision dérangeante d'un tableau ou l'amour et la mort se côtoient et se confondent dans une sorte de requiem/célébration.
Et il s'amuse avec le décor, cet arrière plan muant comme une sorte de bad trip, ou alors est-ce la Nature qui est vivante, une entité à part entière qui guide et asservit ses hôtes, et réclame ses offrandes?
Les multiples lectures de ses aberrations visuelles fascinent, et donnent au film un vrai cachet.
Bien entendu, ce film risque d'être fui par une population adepte du servi sur un plateau d'argent et de l'urgence en général. Il faut se forcer, car le jeu en vaut vraiment la chandelle. "Midsommar" est sans doute ce qui se fait de mieux dans le domaine, et de loin.
18/20 _________________ Cogito Lycanthropus ergo sum Lycanthropus.
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