DarkWolf Site Admin
Inscrit le: 20 Mar 2005 Messages: 3814 Localisation: Geekland
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Posté le: Lun Avr 01, 2019 12:13 pm Sujet du message: GHOSTLAND |
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SYNOPSIS : Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.
Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des évènements étranges vont alors commencer à se produire…
AVIS : Pascal Laugier fait partie de cette famille française de réalisateurs qui ont su donner au cinéma frnaçais quelques perles, capables de rivaliser avec les films d'antan, mais aussi avec les productions actuelles. On se rappelle du foin qu'avait pu faire son "Martyrs".
Son précédent film, "The Secret", lui donnait une opportunité hollywoodienne, pour un film très correct.
Mais là, le bougre revient en force, avec un film coup de poing.
Pourquoi coup de poing? Car ici c'est une maîtrise de son sujet, un excellent jeu d'équilibriste, une technique bluffante, et un amour pour le 7ème art.
Tout commence donc avec cette mère (Mylène Farmer, impeccable) et ses deux filles (Emilia Jones et Taylor Hickson), héritières d'une maison ancienne isolée, au charme plus qu'atypique.
C'est peu de le dire, tant cette maison a un cachet indéniable, fascine tout en perturbant. Ce charme de l'ancien, son côté atypique est renforcé par sa décoration et ses nombreuses poupées disséminées un peu partout (c'est peu de le dire).
A peine débarquées, que cette charmante petite famille va être prise pour cible par deux tarés de la pire espèce, roulant dans un camion de glaces, ce véhicule si typique outre-Atlantique.
Entre le géant difforme à la carrure inhumaine, et cette créature androgyne terrifiante, l'aspect humain est totalement absent de ces deux créatures, si bien qu'on s'attend au pires concernant nos malheureuses jeunes femmes.
N'en disons pas plus, car la suite va vous réserver bien des surprises, dans une logique implacable qui fait froid dans le dos, et fascine (ce n'est sans doute pas le mot à employer, mais pourtant).
Sachez simplement que Laugier prend bien soin de citer Lovecraft en tout début de métrage, exploite ce personnage à plusieurs reprises.
Mais surtout, on pense à du King. Cette histoire, qui à la base aurait pu donner droit à la sempiternelle prise d'otages virant au torture porn dégueux au bout de 30 minutes, s'ouvre ici sur quelque chose de plus "onirique".
Les multiples références au monde d'Alice et du pays des merveilles en sont la preuve, mais Laugier va bien plus loin, et rivalise d'audace pour nous captiver, et rendre son film intense.
Par le passé, il a prouvé qu'il avait un sens de l'esthétique poussé : c'est encore le cas ici, avec cette maison absolument renversante, cette mise en scène furieuse où on arrive à ressentir les coups et les chutes, ou encore cette suggestion faisant que les détraqués apparaissent comme de véritables monstres surnaturels.
Il est aussi aidé par son casting, et notamment une Mylène Farmer se dévoilant en actrice plus que crédible. Les autres actrices, que ce soit durant leur phase d'adolescence et par la suite, se révèlent elles aussi imprégnées par leur personnage, leur/se donnant totalement corps et âme.
Et surtout, Laugier fait preuve d'un contrôle total sur l’intensité dramatique, et évite de tomber dans le piège du voyeurisme qui ne servirait ici à rien. Le film est cruel, brutal, dérangeant, mais paradoxalement très accessible, au point que même les spectateurs peu enclins à ce genre de films se prennent au jeu.
En gros, c'est un film coup de poing! Un hommage à plusieurs œuvres, à plusieurs maîtres du genre, une petite pépite si rare de nos jours.
18/20 _________________ Cogito Lycanthropus ergo sum Lycanthropus.
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