DarkWolf Lair

[DarkWolf]

Ubi Soft fait table rase des trois derniers volets sortis sur PC et console pour faire un "reboot", phénomène que le cinéma hollywoodien a amorcé récemment en mettant au goût du jour des franchises. De ce fait, très peu d'éléments sont gardés de l'ancienne trilogie, pour un petit retour aux sources de l'essence même de "Prince of Persia" (celui de 1989, déjà 20 ans), développé à l'origine par Jordan Mechner. Fini donc le prince qui combat des hordes d'ennemis, qui pouvait revenir dans le temps pour corriger ses erreurs...

Cette fois-ci, on incarne un athlétique jeune homme qui va venir à la rescousse d'une ravissante jeune princesse (c'est désormais elle qui hérite du titre), Elika. Cette dernière sera votre alliée durant tout la partie. Une rupture franche par rapport à précédemment, où le prince avait l'habitude de faire cavalier seul.

Le fait de vous attribuer un sidekick n'est pas innocent de la part d'Ubi Soft. D'une part, d'un point de vue scénaristique, nos deux héros vont lier une relation qu'on imagine bien évidemment teintée d'un peu d'amour. Cela permettra aussi d'avoir des explications sur le contexte actuel, et d'implanter des dialogues sans que cela ressemble à des monologues forcés comme on en a la plupart du temps. Elika vous apprendra tout de la situation actuelle : un démon s'est échappé de sa prison, et commence à infecter les alentours. Afin de l'enfermer de nouveau, vous devrez purifier 4 mondes, bien évidemment distincts, et tous protégés par un gardien converti à la cause du malin.

Ces 4 mondes sont composés de 5 niveaux, plus un pour le boss. Vous pourrez commencer par le monde que vous voulez, voire du niveau, l'ensemble étant relié par des couloirs que vous pourrez emprunter à votre guise. Seul les repaires des boss ne seront accessibles qu'après avoir purifié l'ensemble d'un monde (cad les 5 zones), et posséder les pouvoirs adéquats.

Le jeu se résume alors à purifier les niveaux un par un. Il vous faudra pour cela trouver le bon chemin, en sautant de pilier en pilier, en courant sur les murs, en vous agrippant à des lierres, etc...De temps en temps, un ennemi viendra vous barrer le chemin. Là encore, peu de combats, le jeu s'oriente plus sur les phases de plateforme que sur l'affrontement. On revient un peu aux origines du POP, où votre nombre d'adversaires était déjà réduit. Une fois la source du Mal atteinte, Elika pourra commencer la purification. L'univers infesté retrouvera alors ses couleurs d'origine, ses fleurs et son verdoyant, et délivrera des sphères d'énergie. Au nombre de 1001 (comme les nuits), ces dernières vous seront en partie indispensables pour débloquer les pouvoirs d'Elika. Au nombre de 4, ils vous permettront de débloquer des passages, et d'atteindre les fameux boss.

En terme de gameplay, on retrouve notre frêle personnage acrobate, capable des plus belles prouesses. Elika nous suivra docilement, aucun souci à se faire de ce côté. Son rôle secondaire est même de vous aider à certains moments, ayant la possibilité de se téléporter. Elle vous aidera donc à enjamber un gouffre trop long. Mais sa dernière fonction, après être un élément du scénario, un pavé du gameplay, est sans nul doute la partie qui a divisé les foules. Il faut savoir qu'on ne meurt pas dans ce "Prince of Persia", Elika vous sauvant in extremis quand vous tombez dans le vide ou que votre ennemi s'apprête à vous achever. Si cet aspect est un tantinet déroutant au départ, il est ici judicieusement exploité pour ne pas rendre le jeu trop facile. Lors d'une chute durant les phases de plate-formes, Elika vous rattrapera et vous déposera sur la dernière portion verticale et stable de votre parcours. Lors des combats, elle vous sauvera de la mort, en contrepartie d'un gain d'énergie pour l'adversaire. Elle ne sera alors en aucun cas un moyen de contourner la difficulté, mais une sorte de "chargement automatique du dernier checkpoint valable", cela afin de fluidifier la progression, à l'instar d'un conte des 1001 nuits dont on serait le héros. Les combats seront donc de vrais moments d'empoignades musclées, car toute erreur sera en faveur de votre ennemi. Il faudra user et abuser de combos, mettant en scène Elika ou pas, afin de contrer la garde de l'ennemi et de lui infliger des dégâts.

Il ne suffira pas de matraquer une touche pour venir à bout de vos adversaires. hormis Elika et votre épée, vous aurez aussi un gantelet qui vous permettra de saisir vos ennemis, une garde pour casser leur attaque et la retourner contre eux. Cela donne parfois de mini QTE où il faudra appuyer sur le bon bouton pour éviter le pire.

D'un point de vue technique, le cell shading est ici employé pour un résultat totalement en accord avec le ton du jeu (monde féerique), et avec brio. Décors splendides, impériaux, notre rétine est constamment flattée, comme nos oreilles, avec des thèmes orientaux de qualité. La prise en main demande un petit temps d'adaptation, mais jouit d'un nombre peu élevé de touches. Après quelques touches, on navigue dans le monde tel un oiseau dans un ciel clair.

Parti risqué pour Ubi Soft qui offre un "Prince of Persia" plus poétique, presque fleur bleue par rapport à ses prédécesseurs (quasiment aucun humain ne meurt dans le jeu). Cela ne va pas forcément plaire à tout le monde, d'autant plus que le système de rattrapage, aka Elika, pourra en frustrer plus d'un. Il n'empêche que le challenge est là (surtout pour ceux qui veulent récupérer l'intégralité des sphères), ainsi que le plaisir. Reste à savoir comment Ubi Soft va réagir pour les suites à venir : retour à la noirceur pour satisfaire les fans de la première heure, ou légèreté actuelle. une fusion des deux ne serait pas impossible.

14/20








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Cogito Lycanthropus ergo sum Lycanthropus.