DarkWolf Lair

[DarkWolf]

SYNOPSIS : Les membres d’équipage du vaisseau Covenant, à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore intouché. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper.

AVIS : Ridley Scott l'avait dit, son "Alien Covenant servira de jonction entre "Prometheus" et "Alien le 8ème passager". Preuve en est, les scores des deux films se croisent à de multiples reprises dans ce Covenant, soufflant le chaud comme le froid.

Si "Prometheus" avait divisé (et souffre de quelques défauts lors d'une relecture), "Covenant" amplifie le constat.
Pourquoi? Pour de multiples raisons, partant d'un bon sentiment, mais donnant au final un film "Alien" bancal.

Tout d'abord, le film s'appelle "Alien", contrairement à "Prometheus". On s'attend donc à voir....de l'alien. Si c'est effectivement le cas, son apparition est tardive, plombée par une introduction pas vraiment utile, s'allongeant sur plus d'une heure (pour deux heures de films).

D'ailleurs, on tombe dans la redite, certaines scènes étant calquées sur d'autres issues de la tétralogie originelle (découverte d'un signal de détresse, visite de l'épave, infection, éclosion, mort, etc).

"Covenant" ne cache pas ses clins d’œil au film de 1979, de la soute remplie de chaînes qui tintent au "Drinking Bird", que Fincher reprendra d’ailleurs dans Alien 3 (et visible aussi dans le jeu "Alien Isolation").

Mais là où "Covenant" loupe le coche, c'est aussi dans son équipage. Axé principalement sur deux acteurs, Katherine Waterston et Michael Fassbender, la première n'a pas vraiment l'étoffe d'une Ellen Ripley, tandis que le second trouve ici un vrai terrain de jeu pour acteurs, voire peu être un peu trop (il a un double rôle, qui plus est). D'ailleurs, le paradoxe est qu'on éprouve de l'empathie pour le personnage de Walter, pourtant le seul de part son statut de synthétique à ne pas craindre l'alien, et donc la mort.

Par contre, Le personnage de David prend ici toute sa dimension, on découvre ce qu'il est devenu, ce à quoi il aspire. Et cela remet en cause l'origine même de l'alien. Alors que depuis 1979, il existait comme un contexte de mythe autour du "Space Jockey", les dernières œuvres de Scott désacralisent tout. S'il est intéressant de donner des explications à un événement, il faut qu'elles sont avant tout censées, logiques, et pertinentes. Ici, on subit une sorte de frustration, tout étant axé sur le processus de création, et de qui a créé qui (cf le long dialogue entre Fassbender et Pierce au début de "Covenant"). Cela atténue aussi en quelque sorte le rôle des ingénieurs, qui ne sont plus du coup qu'un faire valoir.

Ajoutons à cela le point le plus important, et sans doute le plus dévalorisant : l'alien. Ok, il apparaît de façon tardive, ok on sait maintenant qui l'a créé (et sympa de mettre certains travaux de Giger en hommage)....MAIS Bordel De Nerd, Scott plombe lui même sa créature mythique.

Les nouveaux Alien, ou Néomorphes, sont peu inspirés. Pourtant, sur la toile, certains artistes avaient réussis à créer de nouvelles versions absolument impressionnantes, tout en respectant l'esprit Giger.

Ensuite, la gestion de la créature en elle-même. Que ce soit Scott dans "Alien", puis Cameron et Fincher, tous s'accordaient pour donner au xénomorphe une certaine prestance, une beauté dans la gestuelle faisant de la créature une faucheuse élégante et limite un danseur chorégraphe.

Souvenez vous de ses apparitions dans les précédents films, de la gestion du flou, du cadrage, d'une certaine lenteur lors de son déploiement, comme un paon arborant sa roue...Ici, c'est un regard au plafond, un alien planté comme un corbeau sautant sur sa proie. L'élégant prédateur laisse place à un vulgaire carnivore pour qui se nourrir n'est plus synonyme de chasse avec un grand C, mais d'un énième monstre bouffant tout sur son passage, comme dans une série Z. Il y avait pourtant tant à faire d'un point de vue iconographie.

Et le final, madré mia!!! D'après la bande annonce, on retrouvait l'esprit du "8ème passager", avec ses coursives aux formes labyrinthiques. Une occasion idéale de faire monter le stress...Et bien non, trop court, trop guidé, la peur de croiser l'alien est expédiée dans le néant, c'est limite du fan service balancé dans la tronche pour dire "ouaip, on a casé cette scène dans le film!".

C'est d'ailleurs un reproche qu'on pourrait faire pour d'autres scènes, trop prévisibles (cf la suite entre Walter et David, on voit le truc venir à des années lumière).

"Alien Covenant", pour conclure, ne parvient pas à nous faire peur, à nous étonner, à nous émouvoir alors qu'il disposait de tout le matériel pour le faire, quitte à devenir la nouvelle référence Alien. Entre l'équipage dont on se fout éperdument, hormis un synthétique ne craignant pas l'alien, ce 'même' synthétique cannibalisant la majorité du film, une explication trop éloignée de ce qu'on aurait souhaité voir, ou encore une gestion désastreuse de la créature, on se dit que Scott a du mal à remonter la pente. Et maintenant, que va t'il faire pour la suite, censée arriver très rapidement? Car s'il veut mettre le dernier chaînon, il lui faudra expliquer certains points divergents (concernant directement l'épave).

10/20 (Vivi, la moyenne, parce que pas d'objectivité, Scott quand même malgré frustration, toussa...)
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Cogito Lycanthropus ergo sum Lycanthropus.